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L-glutamine, acide aminé multifonctionnel

La L-glutamine est l’acide aminé le plus abondant du corps humain mais non essentiel (nos cellules peuvent en effet la synthétiser dans certaines conditions mais pas en quantité suffisante) et pouvant devenir conditionnellement essentiel. Elle est également requise pour la transamination d’autres acides aminés non essentiels et joue aussi un rôle dans le métabolisme azoté de l’organisme. Elle possède donc divers mécanismes d’action au niveau de différents organes.

Mécanismes d’action

Au niveau immunitaire

La glutamine est liée aux activités fonctionnelles comme

la prolifération, la présentation des antigènes, la production des cytokines, la production des superoxydes, la production d’azote, et la phagocytose.

La fonction du système immunitaire peut être compromise lorsque des quantités insuffisantes de glutamine sont disponibles. Elle joue donc un rôle fondamental dans son soutien, c’est une source critique de combustible pour les cellules immunitaires.

Lors de la surconsommation de glutamine, son apport proviendra soit de la viande, soit du catabolisme de nos protéines.

En période de stress, de pratique intense de sport, de trauma, de régime ou de troubles hépatiques graves, des carences peuvent survenir.

Elle est considérée comme fuel métabolique qui augmente la rapidité de division cellulaire et possède donc un rôle important dans l’immunité (1), principalement au niveau du tube digestif.

Elle est synthétisée par la glutamine synthétase et hydrolysée par la glutaminase contenue dans la mitochondrie.

Elle intervient au niveau de toutes les réactions inflammatoires car toute inflammation en consomme.

Elle nourrit les globules blancs et permet leur multiplication.

Au niveau intestinal

La glutamine est consommée par les cellules à division rapide comme les cellules intestinales (pour rappel l’entérocyte ne vit que 72h et chaque jour meurent et naissent 50 milliards de cellules intestinales). Elle constitue un des 4 nutriments essentiels pour une muqueuse intestinale fonctionnelle, à savoir la prostaglandine PGI2, le n-butyrate, le zinc et la L-glutamine.

Sa supplémentation sera indispensable en cas de blessures graves, de brûlures, d’actes chirurgicaux, d’intestin poreux (leaky gut), syndrome responsable de la chute du capital immunité, lequel se trouve à 80% dans l’intestin.

Elle va donc pourvoir à contrecarrer de nombreuses maladies dont les maladies auto-immunes (2).

Elle stimule la production d’IgA secrétoires, ce qui permet de considérer qu’il existe un lien direct entre glutamine et restauration de la flore intestinale mais aussi les jonctions serrées appelées tight junction (3).

Pour rappel, le leaky gut et la dysbiose sont les causes majeures d’inflammation systémique de bas grade.

Nous noterons que la prise d’AINS (4, 5) et d’IPP de façon régulière provoquera un leaky gut. Donc une supplémentation en glutamine sera indispensable (6, 7).

Si les besoins de l’organisme sont plus élevés que sa capacité à en produire, notre organisme va décomposer ses propres protéines (comme les muscles) afin de mobiliser cet acide aminé.

Au niveau du cerveau

La glutamine est également un carburant indispensable pour le cerveau : elle améliore la concentration, la mémoire et la dépression (14). On estime qu’elle peut remplacer le glucose dans le cerveau, ce qui lui confère une manière de contourner la dépendance au sucre et à l’alcool. Le liquide cérébrospinal contient beaucoup de glutamine, cette dernière peut passer facilement la barrière hémato-encéphalique. Elle sera ensuite transformée en acide glutamique. Ce dernier étant un neurotransmetteur stimulant, il aura un rôle dans la prévention des black-outs (liés à un excès d’ammoniaque dans le cerveau).

La glutamine stimule également le métabolisme des protéines, des graisses, et des glucides (en tant que composé de GTF). Elle favorise un bon équilibre acide/base.

À noter que le stress consomme énormément de glutamine (5). Elle luttera donc également contre la fatigue.

Au niveau hépatique

Elle est utilisée comme composant pour la production de glutathion (GSH), élément indispensable à l’épuration hépatique en tant que précurseur de l’acide glutamique.

Au niveau respiratoire

Elle stimule le système immunitaire via la sécrétion des IgA sécrétoires produites par les cellules M.

L’étude du professeur Poortmans (ULB) a montré que la prise de glutamine après un marathon diminuait de 50% l’incidence d’infections respiratoires hautes.

Au niveau musculaire

Elle favorise la croissance du muscle, surtout chez le sportif de haut niveau qui consomme beaucoup de glutamine, elle sera donnée non seulement comme fuel musculaire mais aussi en prévention du leaky gut. Elle favorise aussi la récupération post- entrainement et lutte contre le catabolisme protéique.

Elle intervient dans l’optimalisation de l’approvisionnement en énergie et améliore la synthèse protéique, élément très important pour la croissance des fibres musculaires.

De même, elle empêche aussi une dégradation musculaire trop importante lors d’un effort prolongé et intense.

La première cause d’abandon du sportif de longue durée est l’ischémie intestinale.

Au niveau de la peau

Elle favorise la cicatrisation des plaies chirurgicales ou accidentelles.

En pédiatrie

La glutamine a prouvé son effet au niveau des infections et des allergies chez les bébés de bas poids et chez les jeunes enfants.

Cancer

Elle est utilisée en prévention dans les cas de chimio- et radiothérapie (10-13).

Son stockage

Elle se stocke au niveau du muscle squelettique.

Forme et dosage

La forme en poudre (préférez une forme naturelle) permet de donner des doses plus élevées en prise unique, de préférence hors du repas pour une meilleure absorption.

Une dose journalière de 2,5g en condition normale suffit; à noter que la forme d’origine naturelle est mieux «reconnue» par notre corps.

En pédiatrie, il est recommandé de donner 0,3g/kg de poids/jour dès la naissance.

Pour le sportif de haut niveau, on conseillera une prise de 5g (ou 2,5g d’origine naturelle) avant, pendant ou après l’entraînement.

Contre-indications

Il n’est pas souhaitable de donner de la glutamine lors d’une leucémie, d’un cancer lymphatique ou pendant la phase de décompensation maniaque des maniaco-dépressifs.

Effets secondaires

Aucun n’est connu à ce jour lors d’un dosage correct.

CONCLUSION La glutamine pourra donc être administrée dans diverses situations, à savoir: cicatrisation à tous niveaux, stress, sportif de haut niveau, croissance musculaire, immunité, dysbiose, leaky gut, convalescence, troubles de la mémoire et de la concentration, troubles du comportement mental, dépression (sauf maniaco-dépressive en phase aiguë), dépendance au sucre et à l’alcool.

Dr. Carchon pour Pharma-Sphere 268 (2021)